Mes souvenirs de maître des novices sont déjà lointains et sans doute un peu déformés. Mais mon témoignage s’appuie sur ces souvenirs et aussi sur toutes les rencontres que j’ai pu faire ici à Aix ou ailleurs avec des jeunes oblats et des moins jeunes. Et en regardant en arrière, je vois tout ce que j’aurais dû faire ou ce que j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait !
Je pense aussi que, même si les principes et orientations sont identiques partout, un noviciat en Europe sera forcément différent d’un noviciat au Cameroun ou en Indonésie.
« Le noviciat est une période d’initiation à la vie relieuse oblate » C 55.
Il faut remarquer d’abord que, dans toute la congrégation maintenant, cette initiation commence déjà au prénoviciat.
Qui dit initiation, (je pense à l’initiation dans beaucoup d’ethnies en Afrique et ailleurs) dit exercices, épreuves, rites, passages .Il y a une entrée et une sortie. Il faut bien soigner l’entrée comme il faut bien soigner la sortie.
Initiation à la prière et à la vie spirituelle. Importance de faire découvrir et aimer la liturgie : celle des Heures, l’Eucharistie. Pour l’initiation à la prière personnelle (oraison, méditation), je crois à la richesse des Exercices spirituels de saint Ignace, dans la pédagogie comme dans les exigences. Il me paraît indispensable de pouvoir faire faire ces Exercices par les novices au moins une fois (10 jours ou 30 jours).
Initiation à la vie religieuse, en particulier à la vie communautaire. Quand le nombre de novices est conséquent (entre 5 et 12 ou plus, par exemple), une formation à la vie communautaire se fait déjà, je pourrais dire, naturellement : prise en charge des services, attention et respect de l’autre, mise en commun, les partages, les révisons de vie, etc.
Initiation à la vie apostolique. Même si durant le noviciat, l’engagement apostolique est limité, il faut veiller à ce qu’il soit pris au sérieux et qu’il puisse être relu régulièrement avec les formateurs.
Quelques points que je soulignerais :
üLes relectures : elles sont très importantes et doivent être faites régulièrement sur tous les plans et à tous les niveaux
üLe discernement de la vocation : normalement, il y a eu déjà un bon discernement fait avant l’entrée au noviciat. Mais le noviciat et les années de la formation première sont encore des années pour permettre ce discernement avant l’oblation perpétuelle.
üLe temps du noviciat va peut-être permettre de discerner l’aptitude à vivre en communauté et à acquérir les principes d’une vie spirituelle personnelle.
üLe silence : la vie religieuse a commencé au désert, donc par le désir de la solitude et du silence. Même si nous ne sommes pas des moines ni des ermites, nous avons besoin de connaître et d’aimer le silence, et cela est encore plus important dans notre civilisation bruyante et « distrayante » ! Etre capable de se passer, pendant le temps d’une retraite, du portable, de l’ordinateur, avoir la maitrise de ces moyens de communication actuelle.
« Guidés par l’Esprit qui vit en eux, les novices grandissent… » C 56
Le noviciat ne doit pas faire des choses « extraordinaires », en dehors de la vie normale d’un missionnaire, des activités qu’on s’empressera d’oublier et de laisser tomber dès la sortie ! Mais, en même temps, le noviciat est une période particulière dans la formation première, avec ses exigences propres qui sont là pour « former », façonner.
Donner le goût et la joie de la prière, le goût et la joie de la vie communautaire, le goût et la joie d’aller vers les plus pauvres, le goût et la joie du partage.
Importance de l’accompagnement personnel et de pouvoir, là encore, en donner le goût. Cela demande une ouverture et une confiance en soi et dans les formateurs.
« Rendre les hommes raisonnables, puis chrétiens, enfin les aider à devenir des saints » (Préface des Cc&RR)
Un beau programme pour le noviciat !
Aix-en-Provence le 10 juin 2015
Jo Bois, omi